Les rendez-vous de l'école
autour d'Elfriede Jelinek

Studio de création
1920 octobre
Saison bis
Studio de création

Restitutions publiques du stage autour d'Elfriede Jelinek 
dirigé par Georges Lavaudant

L’apprentissage théâtral est fragile, incertain, tortueux, énigmatique. Le metteur en scène Georges Lavaudant choisit avec la Promotion 6 de se remettre en question avec une autrice qu’il n’a jamais approchée : Elfriede Jelinek. Figure majeure de la littérature du XXè siècle, bouillonnante d’inventivité, elle ne cesse de déconstruire la langue et aborde une grande variété de thèmes, aussi bien immémoriaux – l’exil, la peur, la guerre – que d’actualité : Trump, la critique de la société de consommation, le néo-féminisme…

Bouillonnante d’inventivité, elle utilise une langue déroutante, fourmillant d’allusions politiques et littéraires. Par sa formation de musicienne, elle porte une attention toute particulière au rythme et à la musicalité, que les traductions françaises s’efforcent de rendre au mieux. Aucun dialogue. Pas de personnages. Parfois des chœurs similaires aux chœurs de la tragédie grecque. 
Faits divers, anecdotes, brochures de l’office du tourisme, science-fiction, héros populaires, roman de gare, philosophie, poésie romantique, Goethe, Hölderlin, Walser. Tout est prétexte à l’écriture, à la citation, à l’emprunt. Presque illisibles lorsqu’on les lit, ses textes prennent une vie surprenante lorsqu’ils sont prononcés de vive-voix. Un matériau de théâtre idéal. 
 
Diriger un atelier, c’est toujours une certaine manière de faire partager son savoir, ses goûts, son expérience, mais aussi c’est l’occasion de se remettre en question, de se surprendre. Parfois on s’appuie sur ce qu’on connaît bien, on approfondit ce que l’on a déjà expérimenté. Les Grecs, Shakespeare. Brecht, Feydeau, Tchekhov. D’autres fois, on est à la recherche de ce qui semble relever de la pure actualité. Violences policières, racisme, féminisme, « woke », « cancel culture », réseaux sociaux, genre, réchauffement de la planète, guerre en Ukraine. Tous les thèmes qui ouvrent et tournent en boucle sur les journaux télévisés, et accompagnent l’air du temps et les discussions de bistrot. Il arrive que l’on s’emploie à passer d’un horizon à un autre. Du grand passé littéraire sanctuarisé dans son classicisme, à la fragilité, la superficialité, et trop souvent à la boursouflure souffretante de ce qui relève de l’actualité. 
 
J’ai choisi de travailler sur l’œuvre d’Elfriede Jelinek, que je ne connais pas, un peu par défi de provocation vis-à-vis de moi-même, pour découvrir en même temps que mes étudiants ce qu’elle peut nous apprendre, ce à quoi elle nous fait rêver. On ne sait jamais vraiment ce qu’on cherche, quel résultat on souhaite obtenir. L’apprentissage théâtral, c’est fragile, incertain, tortueux, énigmatique. On échafaude des hypothèses, on réfléchit ensemble, on se trompe, on expérimente, on bavarde, heureux de cette non-obligation de résultat.

Avec les 14 élèves comédien·nes de la Promotion 6 de l'éstba :
Benoit Asnoune-Delbort, Laurie Atlan, Matthieu Bousquet, William Burnod, Apolline Clavreuil, Mattéo Cresto-Miseroglio, Marie De Dinechin, Mario De Miguel Conde, Vigga Sidénius Guldhammer, Matteo Perez, Lucrezia Rodighiero, Pauline Rousseau, Marion Rozé et Samuel Santos Aguiar